Samedi 11 Avril 2015

Gestion de trésorerie : Vecteur de croissance ou talon d’Achille ?

Analyse du Marché Boursier Marocain

La gestion de la trésorerie des PME se caractérise par une complexité accrue des risques de défaillance des clients, l’allongement des délais de paiement et l’environnement des affaires. A ces contraintes s’ajoutent des lacunes propres à certains patrons de PME qui ont une vision réductrice de la gestion de trésorerie.

 Un patron de PME doit avoir les yeux rivés sur plusieurs paramètres pour la bonne marche de son entreprise. De ce point de vue, la gestion de la trésorerie constitue un point névralgique pour toute structure. La négligence de cet aspect peut conduire un chef d’entreprise à mettre tout simplement la clef sous la porte. Cela dit, la bonne maîtrise de la trésorerie suppose un équilibre entre les encaissements et les décaissements avec, à la clef, un fonds de roulement qui couvre les besoins de l’entreprise. Outre ce rappel, il n’est pas toujours aisé pour les PME marocaines de maintenir, sur une longue période, les clignotants de leur trésorerie au vert. Pour cause, les effets de la loi 32-10 sur les délais de paiement tardent à se faire ressentir. De plus, le taux de défaillance des entreprises marocaines ne cesse d’augmenter (+10% en 2014). A noter que l’incertitude qui plane sur le secteur immobilier génère indubitablement un attentisme chez les professionnels qui retardent leurs paiements, dans un contexte de flou. A côté de cet environnement, subsistent des carences en gestion financière dont bon nombre de PME sont victimes. D’ailleurs, du côté de la CGEM, on exhorte les chefs d’entreprise à s’entourer d’experts-comptables à même de trouver des solutions sur le moyen et le long terme. A ce stade, il est opportun de préciser qu’aux yeux de certains patrons d’entreprises, la gestion de la trésorerie se limite uniquement à jeter quotidiennement un coup d’oeil sur la disponibilité de liquidités de l’entreprise. Or, la trésorerie se singularise par son ambivalence car elle peut constituer le talon d’Achille de l’entreprise et, dans une certaine mesure, sa force motrice. Consciente de ces enjeux, la Banque publique d’investissement (BPI) de France a mis en place une ligne de financement «Avance+» qui permet aux entreprises oeuvrant dans l’achat public de se couvrir contre les retards de paiement de l’Etat et de ses démembrements. Au Maroc, force est d’admettre que la multiplication de ce genre de véhicule permettrait aux PME d’atténuer les délais de paiement relativement longs des entités publiques. Par ailleurs, l’impératif de régler les dépenses courantes (salaires, fournisseurs, etc.) astreint les PME marocaines à recourir aux facilités de caisse auprès des banques. D’ailleurs, le dernier rapport sur la politique monétaire de Bank Al-Maghrib montre que les facilités de trésorerie ont progressé annuellement pour passer de 1,5 à 5,6% à janvier 2015. Dans cette même foulée, le factoring, en progression au Maroc avec un chiffre d’affaires annuel supérieur à 34 Mds de DH, pourrait constituer un ballon d’oxygène pour la trésorerie des entreprises, et ce grâce à sa grande propension à mobiliser les créances. Toutefois, les PME devront améliorer la qualité de leurs factures pour s’arroger davantage les faveurs des factors.

 

Infos pratiques 

L’affacturage, une alternative

Face aux multiples conditions et critères qui entourent l’octroi des crédits bancaires pourtant nécessaires pour soulager la trésorerie des entreprises, les dirigeants de PME devraient accorder davantage d’importance aux alternatives de financement du poste client. De ce point de vue, l’affacturage (factoring) constitue incontestablement à court terme une source de financement idoine pour les PME marocaines. D’autant plus que celles-ci rencontrent beaucoup de difficultés au niveau du recouvrement de leurs créances. Pour rappel, l’affacturage consiste à céder les créances à une entité spécialisée dans le recouvrement. Sur la base des factures et de leur qualité, le factor finance l’entreprise moyennant l’application d’un taux similaire à celui des banques. 

 

Par ailleurs, il y a lieu de souligner que les PME demeurent les parents pauvres de l’affacturage au Maroc, et ce en raison de certaines lacunes afférentes à leurs transactions commerciales (factures floues, bons de commande imprécis, etc.). Cela dit, la démocratisation de l’affacturage auprès des PME nationales leur permettrait d’accroître leur capacité de résilience face aux délais de paiement relativement longs, source de contraintes pour la trésorerie. Dans certains secteurs, les délais de règlement peuvent s’allonger jusqu’à atteindre 6 à 7 mois. En somme, force est de constater que les clients des principaux organismes d’affacturage au Maroc restent les multinationales et les grandes entreprises.

 

Paroles de pro

Amina El Ouazzani Touhami,

président Directeur général d’Omnium technologie

«La gestion de la trésorerie est un challenge au quotidien pour les PME. C’est une tâche extrêmement difficile, malgré les efforts déployés par le gouvernement dans le domaine des réductions des délais de paiement par l’instauration des indemnités de retard. Dans la réalité, l’application de ces pénalités de retard est très ardue. Car, culturellement, cette pratique est inacceptable et très mal vue par le client. Nous sommes conscients de l’existence de ces outils que nous ne pouvons pas utiliser au risque de perdre le client. En raison de ces contraintes, il est important de faire remarquer que la gestion de la trésorerie se limite, pour bon nombre de chefs d’entreprises, à gérer le quotidien de l’entreprise sans planification; ce qui est d’ailleurs très pénalisant. Du reste, en raison du caractère crucial de la gestion de la trésorerie, nous sommes accompagnés par des experts-comptables. Beaucoup d’autres entreprises n’ont pas cette chance. Notre société est bien structurée sous la dénomination de société anonyme (S.A), avec de bonnes règles de gouvernance. Cela dit, la gestion de la trésorerie des PME est parfois pénalisée par les créances non recouvrées. Les banques peuvent davantage aider les PME à améliorer la gestion de leur trésorerie en réduisant les garanties demandées pour l’octroi des crédits de facilité de caisse. D’ailleurs, je dois vous dire que les banques jouent plus un rôle de prêteur à gage que celui de banquier».

 

Par Momar Diao - Finances News Hebdo 

 

 

 

 

 

 

 

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