Vendredi 15 Mars 2019

Fintech : Un défi d’acculturation avant tout !

Analyse du Marché Boursier Marocain

 

La culture est le premier obstacle au développement et à l’utilisation des fintechs.

Un gros travail d’éducation et d’acculturation doit être fourni.

 

Les codes de la finance traditionnelle sont bouleversés par les fintechs. Ces entités agiles n’hésitent pas à changer, innover, moderniser les terrains sur lesquels elles opèrent. Mais cela n'ira pas si loin, si les mentalités ne suivent pas ! Car une transformation digitale, ne se fait pas simplement à coups d’outils technologiques et d’investissements.

Il est vrai qu’au cours des dernières années, les initiatives se sont multipliées. Le Maroc, parmi tant d'autres pays, a développé des stratégies transversales ou sectorielles pour promouvoir le développement technologique. Or, pour Abdelatif Jouahri, Wali de Bank Al-Maghrib, «ces politiques reste tributaire de la réceptivité des populations, des opérateurs économiques et financiers et des responsables politiques à l’adoption des technologies digitales. C’est un véritable changement de culture qui devrait être opéré». Il ajoute : «Il ne suffit pas que les régulateurs, les banques et les établissements financiers s’y mettent. Mais il faut aussi que la population s’approprie cette nouvelle culture digitale».

 


Acculturer la population au digital


 

L’humain est averse et résilient face au changement. Le seul moyen de parvenir à inculquer une culture digitale serait d’agir à travers l’éducation. «C’est là, où il y a un pilier de la stratégie nationale d’inclusion financière qui me paraît très important, relatif à l’éducation financière. Nous avons une fondation nationale d’éducation financière, qui un rôle à apporter dans le cadre de cette stratégie», note le Wali de BAM. «D’un autre coté nous en tant que régulateur nous avons la charge d’apporter cette contribution d’éduction financière nationale à la population», a t-il poursuit.

Idem pour entreprises, où la culture demeure le premier obstacle à la transformation numérique.  D’ailleurs, plusieurs études situent la barrière culturelle comme principal défi, bien devant les infrastructures IT, les compétences RH ou la Data…

 


Des conséquences sur la politique monétaire


 

Si le FMI, aux côtés des Banques centrales, garantissent traditionnellement la stabilité monétaire internationale, celles-ci se consacrent aussi désormais à l’étude des menaces potentielles que peut poser la présence accrue d’acteurs fintechs. Et, en face, aux avantages tirés de l’utilisation de ces technologies, ce que l’on appelle «le dividende digital».

«L’impact de cette révolution n’est pas encore bien cerné. Il se fera vraisemblablement sentir négativement au niveau du marché du travail», estime Jouahri.

D’ailleurs, l’une des études les plus importantes dans ce sens montre que 47% des emplois risquent de disparaître. Dans les pays émergents et en développement, cette proportion est beaucoup plus élevée, estimée en 2016 à 69% en Inde, à 77% en Chine et à 85% en Ethiopie.

Jouahri explique aussi que la mesure même du PIB est impactée. La prise en compte de certaines activités engendrées par la technologie, telles que les services fournis à soi-même en recourant aux plateformes en ligne, est un véritable défi pour les instituts de statistiques.

De même, les niveaux d’inflation seraient surestimés en raison de l’amélioration de la qualité des biens et services qui ne serait pas intégrée dans leur calcul.

Les conséquences sur la politique monétaire sont également mises en exergue : «Le champ de la supervision financière s’élargit progressivement avec l’entrée en activité de nouveaux acteurs et de nouveaux produits financiers, qui n’est pas sans conséquences sur la transmission de la politique monétaire», alerte le gouverneur de la Banque centrale.

 

Dividende digital
En revanche, un domaine où l’impact est largement positif est celui des procédures administratives, comme le paiement des taxes. «Les gains sont multiples : réduction des coûts et des délais, mais aussi renforcement de la transparence et lutte contre l’évasion fiscale et la corruption», ajoute Jouahri. Et de noter qu’«en six ans, 1,2 milliard de personnes ont eu accès aux services financiers grâce à la technologie», citant une déclaration du secrétaire général des Nations unies.

 

 

BAM

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