Lundi 04 Decembre 2017

POINT HEBDO-Les marchés se préparent à une fin d'année chargée

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* De nombreux dossiers importants attendus sur la fin d'année

* Les marchés surveillent les avancées du projet de réforme fiscale

* Theresa May à Bruxelles lundi pour discuter du Brexit

* Une probable hausse des taux de la Fed en décembre

par Blandine Henault

PARIS, 4 décembre (Reuters) - L'actualité dense en cette fin d'année complique la tâche des investisseurs, appelés à clôturer une année faste pour les marchés d'actions sur des problématiques majeures: la réforme fiscale aux Etats-Unis, les négociations sur le Brexit et la nouvelle hausse possible des taux de la Réserve fédérale, entre autres.

Les révélations vendredi concernant l'enquête sur les soupçons d'ingérence russe dans la dernière campagne présidentielle aux Etats-Unis ont aussi montré que certains risques politiques oubliés par le marché pouvaient brutalement refaire surface.

Les opérateurs de marché sont déjà parvenus à surmonter un premier mouvement de consolidation des indices boursiers au début du mois de novembre, qui a finalement laissé peu de traces. Wall Street a renoué avec des plus hauts historiques et l'indice MSCI World a clôturé novembre en hausse, pour le treizième mois consécutif, soit la plus longue séquence de son histoire.

Seule l'Europe, où la correction avait été la plus forte, affiche un repli sur le mois : le Stoxx 600 a perdu 2,16% en novembre; mais il gagne encore plus de 6% depuis le début de l'année.

Malgré la résistance affichée, les intervenants de marché n'apparaissent pas sereins. "Derrière la hausse des places mondiales ces dernières semaines, une certaine fébrilité est apparue", pointe Tangi Le Liboux, stratège chez Aurel BGC.

"A court terme, les marchés ne savent plus où donner de la tête entre la réforme fiscale américaine, le retour de la crise en Corée du Nord, l'approche d'échéances clefs sur les négociations relatives au Brexit, le tout avant une hausse des taux très probable en décembre aux Etats-Unis, des élections en Catalogne le 21 décembre ou encore une Allemagne sans gouvernement et qui va devoir batailler pour former une coalition", énumère-t-il.

A ce titre, la correction des valeurs technologiques - le Nasdaq a accusé son premier repli hebdomadaire en trois semaines - apparaît comme un signe de nervosité, même si beaucoup y voit pour l'heure uniquement des arbitrages sectoriels.

La chute des places boursières chinoises, alimentée par les craintes entourant la mise en oeuvre par les autorités de mesures pour réduire la dette du pays, n'est pas non plus pour alimenter la sérénité des investisseurs. Le CSI 300 a perdu 2,58% la semaine dernière et l'indice composite de la Bourse de Shanghai s'est replié de 1,07%. DES AVANCÉES DANS LA RÉFORME FISCALE AMÉRICAINE

Le projet américain de réforme fiscale reste le sujet de préoccupation principal.

Le Sénat des Etats-Unis a adopté dans la nuit de vendredi à samedi le projet de réforme des impôts préparé par la majorité républicaine, ouvrant la voie à la mise en oeuvre d'une des promesses de campagne de Donald Trump. Le texte voté par 51 voix contre 49 va à présent faire l'objet d'une harmonisation avec la propre réforme votée le 16 novembre dernier par la Chambre des représentants avant qu'une version définitive puisse être présentée pour promulgation au président américain.

Le texte prévoit d'importantes baisses d'impôts pour les entreprises et les particuliers qui doivent permettre de stimuler l'activité économique des Etats-Unis. Mais beaucoup d'élus, parmi même les rangs républicains, s'inquiètent de l'impact de cette réforme sur les finances publiques si elle échoue à générer de la croissance économique comme espéré.

Ces préoccupations budgétaires sont d'autant plus intenses que les discussions en cours interviennent à quelques jours de l'échéance du plafond de la dette aux Etats-Unis, le 8 décembre.

"Si les discussions ont buté sur un certain nombre de détails, nous continuons à penser que la loi sera votée. Reste à voir l'impact sur l'économie, discutable alors que le cycle est mature", observe Stéphane Déo, stratège chez La Banque Postale AM.

LE RESSERREMENT MONÉTAIRE VA S'ACCÉLÉRER

Autre dossier, le relèvement très probable des taux de la Réserve fédérale (Fed) lors de la prochaine réunion de politique monétaire les 12 et 13 décembre.

La présidente de la Fed, Janet Yellen, et son successeur désigné, Jerome Powell, n'ont laissé planer quasiment aucun doute la semaine dernière sur la probabilité de cette hausse des taux,déjà largement anticipée, qui serait la troisième décidée en 2017.

Dans ce contexte, la publication, vendredi, du rapport officiel sur l'emploi non agricole aux Etats-Unis pour le mois de novembre revêtira moins d'importance qu'à l'accoutumée.

Les investisseurs s'interrogent surtout sur le rythme du resserrement monétaire de la Fed en 2018. "Les anticipations du marché à l'égard du relèvement des taux par la Fed ont été relevées, mais (...) elles demeurent bien en-deçà de celles de la Fed et de nos propres prévisions", souligne Isabelle Mateos y Lago, directrice générale du BlackRock Investment Institute.

"Nous pensons que la Fed est en bonne voie pour relever ses taux en décembre et que les trois hausses prévues l'an prochain devraient avoir lieu. Nous entrevoyons même la possibilité de quatre hausses en 2018 si la croissance se voit offrir un coup de fouet par des mesures de relance budgétaire", ajoute-t-elle.

Plus globalement, les investisseurs s'attendent à une accélération du rythme de normalisation des politiques monétaires l'an prochain.

La Corée du Sud a ainsi relevé jeudi ses taux pour la première fois depuis six ans. Mercredi, la Banque du Canada tiendra sa réunion de politique monétaire, avant celles de la Banque centrale européenne (BCE) le 14 décembre et de la Banque du Japon le 21 décembre.

LA LIVRE STERLING, VEDETTE DE DÉCEMBRE ?

En Europe, le dossier du Brexit revient sur le devant de la scène, la semaine dernière ayant été marquée par une forte hausse de la livre sterling, qui a pesé sur la Bourse de Londres. Le FTSE a accusé un recul hebdomadaire de 1,46%.

La devise britannique, qui a signé sa plus forte progression hebdomadaire depuis la mi-octobre, a profité des espoirs entourant un accord sur la "facture" de la sortie du Royaume-Uni de l'UE.

Toutefois, un tel accord n'est pour l'heure pas officiel, et les deux autres questions en suspens, à savoir les droits des expatriés et la frontière irlandaise, n'ont pas été résolues.

Les Européens ont donné aux Britanniques jusqu'à ce lundi pour avancer des propositions concrètes. La Première ministre britannique, Theresa May, sera ce jour-là de retour à Bruxelles pour des entretiens avec le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, et le négociateur en chef de l'UE, Michel Barnier.

"Nous ne sommes pas optimistes sur le profil de croissance du Royaume-Uni l'an prochain et les incertitudes restent élevées sur le Brexit, mais la confirmation d'un accord lors du sommet européen les 14 et 15 décembre, qui ouvrirait la voie à des discussions commerciales entre Bruxelles et Londres, devrait profiterà la livre sterling à court terme", écrivent les économistes de Société Générale.

"Le relèvement des taux de la Fed en décembre est pleinement intégré, et la BCE et la BoJ devraient opter pour le statu quo. Par conséquent, la livre est appelée à être la devise la plus intéressante en décembre", ajoutent-ils.

 

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