Vendredi 24 Juin 2016

Brexit : Les repères les plus importants, selon Omar Fassal

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"Cette nouvelle entrera peut-être dans l’histoire comme le début de la déconstruction européenne", explique Omar Fassal, Responsable Développement de l'Investissement International chez CDG Capital. 17 millions de britanniques ont voté pour sortir de l'UE. 

 
Démission du Premier Ministre David Cameron. Fassal rappelle que Cameron est profondément europhile. Mais lors de sa campagne de réélection en 2013, il a cédé aux sirènes électorales. En voyant l’opinion très favorable à une renégociation avec l’Europe, il a promis qu’en cas de réélection il proposerait un referendum. Il a ensuite défendu la voix du camp pro-européen, sans succès. La procédure législative pourrait prendre jusqu’à 2 ans. Pendant toute cette période, le Royaume-Uni continue de voter les lois au Parlement Européen, continue d’être représenté dans les instances juridiques, même s’il est en cours de sortie. D'ailleurs, Jean Claude Juncker, le président de la commission européenne, a prévenu ce Mercredi qu’il n’y aura pas de renégociation avec le Royaume-uni : « Dehors, c’est dehors » a-t-il dit .



Les banques avaient prévenu qu’en cas de sortie, elles allaient délocaliser plusieurs de leurs activités. Omar Fassal se demande : Vont-elles franchir le pas et mettre en application ces menaces ? Vont-elles simplement délocaliser des emplois ? Jamie Dimon avait annoncé qu’en cas de Brexit, JP Morgan pourrait délocaliser jusqu’à 4.000 emplois. Les services financiers représentent 8% du PIB britannique. Les banques seront surtout impactées par la perte du passeport européen, qui peut les amener à délocaliser en Irlande ou en Europe continentale.

Selon l'expert : Les canaux de transmission qui vont peser sur la croissance britannique sont les suivants :

Délocalisations d’entreprise qui diminuent la valeur ajoutée produite localement et les emplois.
Baisse de la livre sterling qui s’accompagne d’une hausse de l’inflation importée, qui nuit à la demande intérieure britannique.
Remontée probable des taux d’intérêts, que la Banque d’Angleterre voudra surement limiter. La hausse des primes de risques sur les actifs financiers britanniques pourrait peser sur la croissance.
Attentisme des entreprises britanniques qui perdure. Cet attentisme a déjà pesé sur l’économie britannique tout au long de la campagne. Par exemple, la City de Londres a enregistré un retrait de -70% des opérations de fusions acquisitions sur ce premier semestre, en raison des craintes des dirigeants sur la conjoncture.

A long terme, le consensus table sur un repli structurel du PIB de 3 à 9% à l’horizon 2020. On notera au passage que la fourchette reste très large.


"Les marchés sont toujours liquides, pas de crise à l'horizon"

Pas de crise financière pour l’instant à l’horizon, selon Fassal. "Malgré beaucoup de volatilité les marchés sont liquides et il n’y a pas de gel. Les acteurs s’étaient préparés à une volumétrie accrue et à une volatilité plus importante", dit-il. D'ailleurs, les banques de la City ont organisé, hier soir, une nuit blanche avec une permanence ininterrompue,  pour gérer toute augmentation notable des flux de transactions, au fur et à mesure que les premiers résultats commençait à tomber. Euronext avait annoncé un renforcement de son infrastructure pour gérer toute hausse importante des volumes. Mark Carney le gouverneur de la Bank of England a fait une déclaration ce matin en direct du siège, pour assurer que malgré des taux d’intérêts historiquement bas (0.5%) la BoE avait suffisamment de poids pour s’assurer de la liquidité des institutions financières. Il a annoncé une injection de près de 250 milliards de livres à travers son canal  normal de refinancement des banques.
Les principales banque centrales (Banque du Japon, Réserve Fédérale, Banque Centrale Européenne, et Banque d’Angleterre) s’étaient réunis auparavant pour mener une action concertée sur différents marchés simultanément, si le besoin se faisait sentir.
 
Situation sur les marchés : 

Actions : Repli des marchés actions européens (-4.5% pour le UK, -7.5% pour la zone euro, et -12.1% pour l’Espagne), repli des marchés actions asiatiques (-7.9% au Japon et -3% à Hong Kong).


Commodities : Repli du pétrole (-4.6%) et des produits agricoles, progression de l’Or de +5.2%.


FOREX : Baisse de la livre sterling de près de -8% face au Dollar à un plus bas depuis 30 ans, baisse de l’Euro face au Dollar de -2.7%. Le flight to quality amène le Dollar à se renforcer, tout comme le Yen japonais.


Interest Rates : Repli des taux d’intérêts sur les actifs gouvernementaux en Grande Bretagne sur toutes les maturités ; les marchés ne remettent pas en cause la solvabilité de l’Etat britannique.  


Les taux baissent en Allemagne, aux Etats Unis, et restent stables au Japon.
Dans la zone Euro, les taux baissent en Allemagne mais les spreads des autres pays par rapport au Bund augmentent.   




Et maintenant ?
 
Voici, 5 repères à surveiller selon Omar Fassal :

Il faut suivre les conditions de marché tout au long de la journée pour voir si des segments des marchés ne deviennent pas complètement illiquides.

L’UE a invité le Royaume-Uni a déposé sa demande de retrait officielle dès que possible, cela devrait prendre deux ans pour boucler tout le processus législatif.

Il reste maintenant à voir si cette expérience de Brexit ne donnera pas des ailes à d’autres pays. En France, Marine Le Pen a déjà annoncé qu’en cas de victoire à la présidentielle de 2017, elle organiserait un Frexit. 

Il reste aussi à assoir si l’Ecosse et l’Irlande du Nord qui ont voté en faveur d’un maintien dans l’UE vont exacerber des tensions de scission avec le Royaume-Uni ; celles-ci sont le plus fortes en Ecosse.

L’avenir de l’Europe repose comme il l’a toujours fait, sur la dynamique du couple franco-allemands…

 

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